Au lendemain de la mort de Staline, le 5 mars 1953, une direction collégiale prend les rênes du pays. L’équipe dirigeante est constituée de Malenkov (secrétaire du Comité central et président du Conseil des ministres), de Molotov (Affaires étrangères), de Beria (Intérieur), de Vorochilov (président du Praesidium du Soviet suprême), de Boulganine et de Kaganovitch (aux postes de vice-premiers ministres). En septembre, Khrouchtchev succède à Malenkov au poste de premier secrétaire du PCUS.
La transition post-Staline ne se déroule pas sans heurts. Des luttes de pouvoir s’affirment rapidement. Beria, l’homme fort de la nouvelle équipe dirigeante, ouvre une ère de réelles réformes. Outre que les purges sont stoppées, il prépare la libération de près de 50 p. 100 des déportés des goulags (printemps 1953). Il fait en sorte que la Pravda et les Izvestia révèlent la tromperie du complot des « blouses blanches » tout en soulignant les tortures subies par les médecins injustement accusés. Il permet également l’arrestation du fils de Staline, Vassili, pour « dissipation des biens de l’État ». Il évoque à demi-mot les méfaits du culte de la personnalité.
Il affirme que le parti doit s’éclipser derrière le gouvernement et le laisser travailler. Enfin, il purge lui-même les rouages du système répressif et d’espionnage (exécution d’Abakoumov, chef de la Sécurité d’État, laquelle devient à cette occasion le KGB). Cette politique, conjuguée à la répression sévère des mouvements critiques qui s’affirment dans le bloc de l’Est (manifestations de Berlin en 1953 en RDA ; maintien du schisme yougoslave), détermine la chute de Beria. Celui-ci est éliminé, à la demande de Khrouchtchev, pour « activités criminelles et contraires au parti ». Jugé en décembre 1953, il est condamné à mort et exécuté. Plusieurs autres hauts dirigeants, amis de Beria, sont exécutés en 1954. Ce sont les derniers officiels à subir la peine capitale.
Sur l’initiative de Khrouchtchev, qui s’affirme progressivement comme le nouvel homme fort de Moscou, le XXe Congrès du parti (février 1956), marque un tournant en rompant avec le temps du stalinisme le plus dur.
Le rapport Khrouchtchev dénonce en premier lieu le culte de la personnalité. Outre cette critique à très forte charge symbolique, Khrouchtchev accuse Staline « d’arrestations et de déportations massives de milliers de personnes, de l’exécution sans procès et sans enquête d’honnêtes et d’innocents communistes ». Il l’accuse encore d’avoir mal préparé la défense contre l’invasion allemande de juin 1941 et d’avoir mal géré l’effort de guerre, causant la mort inutile de « centaines de milliers de [ nos ] soldats ».
Il précise que, « maladivement soupçonneux », Staline « avait à l’évidence des plans pour achever les anciens membres du politburo ». Il est également rendu responsable de la rupture avec Tito — rupture qui a mis en danger les « relations pacifiques avec les autres nations » et nié la nécessaire reconnaissance de la pluralité des voies menant vers l’établissement du socialisme. Cette dernière option permet la normalisation des relations avec la Yougoslavie (juin 1955). Cette réconciliation entraînera de profondes remises en cause dans les États de l’Europe de l’Est et nourrira une vague révisionniste que l’URSS se hâtera d’endiguer.
Dans un premier temps, les attaques contre Staline et les voies ouvertes par le XXe Congrès choquent profondément l’orthodoxie communiste en URSS et à travers le monde. Durant la campagne de déstalinisation, les portraits de l’ancien chef d’État sont retirés des lieux publics, les institutions et les localités portant son nom sont rebaptisées et les livres d’histoire réécrits. Cependant, le système soviétique ne se libéralise ni subitement ni entièrement, au contraire. Le XXe Congrès est, de ce point de vue, un événement paradoxal : il ouvre la voie à la coexistence pacifique (permise en particulier par la disparition des fronts coréen et indochinois), mais il ne solde pas la prétention de l’URSS à l’hégémonie sur les pays du pacte de Varsovie : fondé en mai 1955, celui-ci repose sur un pacte d’assistance mutuelle en cas d’agression extérieure ; il est le pendant de l’OTAN. © "URSS" Emmanuel Buchot Sources utilisées Encarta et lemonde.
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