Le pouvoir politique passa aux mains de deux nouvelles institutions, le soviet des ouvriers et des soldats de Petrograd, d’un côté, et le Gouvernement provisoire formé par le comité provisoire de la douma, de l’autre. Leur concurrence de plus en plus dure causa des tensions croissantes entre les différents acteurs de la révolution..
Le soviet, composé d’ouvriers et de soldats élus dans les usines et les régiments, mit immédiatement sur pied une commission pour régler les problèmes d’approvisionnement en nourriture de la capitale. Il plaça des détachements de soldats révolutionnaires dans les bureaux du gouvernement et ordonna la libération de milliers de prisonniers politiques. Le 1er mars, il ordonna l’arrestation des ministres de Nicolas II et commença la publication d’un organe officiel, Izvestia (« Information »).
Le 2 mars, il émit son célèbre ordre (prikaz) n° 1 : les soldats et les marins devaient désormais se soumettre à l’autorité du soviet et de ses comités pour toute question politique. Ils devaient obéir exclusivement aux ordres qui n’entraient pas en conflit avec les directives du soviet et devaient élire des comités qui auraient le contrôle exclusif de l’armement.
En service, ils devaient observer une discipline militaire stricte, mais les officiers n’avaient pas le droit d’adopter une attitude dure et méprisante ; les conflits entre les comités de soldats et les officiers devaient être présentés au soviet qui prendrait les dispositions nécessaires. Hors service, les soldats et les marins jouissaient de tous les droits civils et politiques ; le salut aux officiers fut aboli.
Mais, dès le 6 mars, le Gouvernement provisoire rappela aux soldats qu’ils devaient obéir aux officiers. L’ordre n° 1 fut officiellement annulé : cet exemple démontrait l’existence d’un double pouvoir qui, déjà, avait du mal à s’accorder. La majorité des membres du soviet était composée de mencheviks et de sociaux-révolutionnaires.
Les mencheviks envisageaient une période de développement capitaliste et une démocratie politique complète comme condition préalable à l’établissement d’un ordre socialiste. Dans l’ensemble, ils étaient favorables à la poursuite de la guerre, tout comme la plupart des dirigeants sociaux-révolutionnaires, dont le parti aux aspirations socialistes issu de la paysannerie.
Sous la direction de cette majorité modérée, le soviet de Petrograd reconnut le Gouvernement provisoire comme l’autorité légale de Russie. La plupart de ses membres, persuadés que la Russie révolutionnaire devait faire une guerre de défense contre l’Allemagne impérialiste, ne voulaient pas compromettre l’effort de guerre. Les partis de la classe ouvrière, comme tous les autres partis, avaient été surpris par la rapidité de l’effondrement total du régime et par la révolution. Ils étaient par conséquent dans l’impossibilité d’offrir aux ouvriers et aux soldats du soviet une direction politique forte.
Même les membres du parti bolchevique, une branche radicale du parti ouvrier social-démocrate russe, qui, dans un sens, se préparaient à la révolution depuis le début des années 1900, n’avaient pas pris conscience de son imminence et n’avaient fait aucun plan pour tirer profit de la situation. Les bolcheviks ne représentaient d’ailleurs à ce moment qu’une minorité au soviet de Petrograd © "Russie" Emmanuel Buchot Sources utilisées Encarta et lemonde.
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