La rupture entre le récit romantique et le roman réaliste n’est pas aussi tranchée dans les faits que l’histoire littéraire a tendance à le dire. Sous la bannière du réalisme, en effet, sont traditionnellement réunis des auteurs de sensibilités diverses, dont certains sont des romantiques repentis (Flaubert), des romantiques malgré eux (Balzac) ou des écrivains dont l’âme est romantique mais dont les procédés sont ceux du réalisme (Stendhal).
Certains écrivains revendiquent l’étiquette de réalisme (Balzac prétendant concurrencer l’état-civil), alors même qu’elle est tout à fait réductrice si l’on considère la complexité de leur œuvre (elle ne rend pas compte des aspects visionnaire, fantastique, sentimental, policier, etc., de l’œuvre de Balzac). D’autres, conscients du caractère réducteur du terme « réaliste », le refusent (Flaubert déplorant de passer pour le maître du réalisme).
Notion commode pour appréhender les grands romans du XIXe siècle, le terme de réalisme ne saurait rendre compte de la particularité des œuvres de ce temps.
Stendhal, par sa personnalité romanesque et solitaire, son goût des voyages et de l’Italie, son « égotisme », est romantique ; par bien des aspects, son œuvre aurait pu l’être : emprunt de thèmes à des chroniques de la Renaissance italienne, à des faits divers sentimentaux, mais surtout à la matière autobiographique, intrigues dotées de nombreux rebondissements, alliant thèmes amoureux et politiques, mise en scène de héros solitaires, héroïques ou ambitieux, dont la grandeur d’âme va à l’encontre des valeurs bourgeoises, primat accordé à l’amour-passion, etc
Pourtant, par son écriture, Stendhal se situe en marge du romantisme et même en marge de son époque ; lui qui prétend écrire pour la postérité tant il est sûr d’être trop moderne pour son temps se distingue du romantisme par son souci constant d’analyser les situations, les choses et les êtres.
Si Stendhal est « réaliste », c’est parce qu’il développe un style ironique et lucide, refusant la complaisance et la naïveté qui caractérisent un certain romantisme. On lui doit d’ailleurs l’idée du roman « miroir du monde » : miroir révélant sans pitié, mais sur le mode souriant, la vérité des êtres et des sentiments, mais aussi miroir révélant les travers et les petitesses de la société (le Rouge et le Noir, 1830 ; Vie de Henry Brulard, 1834-1836, édition posthume en 1890 ; la Chartreuse de Parme, 1839). "littérature française" © Ecrit par E. BUCHOT. Sources : Encarta, Wikipedia
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