Le roman réaliste se nourrit naturellement de toutes les nouvelles sciences qui prennent pour objet le réel, celui de la nature ou de la société, comme l’anthropologie, la sociologie, les sciences politiques, l’économie, la psychosociologie.
La pensée politique de Lamennais, symbole d’un catholicisme social, est moins influente dans la littérature que celle d’Auguste Comte, qui annonce l’avènement de l’ère positiviste : désormais, la littérature ne cherche plus la vérité dans des principes religieux ou abstraits mais dans la causalité des faits, selon la méthode indiquée dans les Cours de philosophie positive (1830-1842) d’Auguste Comte. Après ce dernier, Frédéric Le Play jette les bases de la sociologie moderne. Dans le domaine de la grammaire et de la linguistique, les dictionnaires de Littré et de Larousse témoignent de la volonté d’éduquer les foules pour rendre la société meilleure.
Ernest Renan, auteur de la Vie de Jésus (1864), ouvrage positiviste destiné à désacraliser la figure du Christ, clame son enthousiasme scientifique dans l’Avenir de la science (1848), publié en 1888, tandis que Proudhon contribue à répandre les idées socialistes et que Karl Marx, dans la lignée de Babeuf et de Blanqui, compose une œuvre de philosophie politique qui va changer la face du monde.
De nombreux romans dits « réalistes » s’inspirent des travaux menés dans les diverses sciences sociales, et certains véhiculent une pensée politique relevant du socialisme ou du marxisme. Les romans de Jules Vallès, par exemple, sont porteurs de revendications égalitaristes (l’Enfant, 1879 ; le Bachelier, 1881 ; l’Insurgé, posthume, 1886).
Dans le même mouvement, le roman se nourrit aussi de l’histoire, qui acquiert alors un vrai statut scientifique. L’œuvre originale de Jules Michelet se situe précisément à la croisée des deux genres, histoire et roman (Histoire de France, 1833-1846 ; la Sorcière, 1862). Des hommes politiques produisent des essais d’histoire, parallèlement à leur carrière : c’est le cas de Louis Adolphe Thiers (Histoire de la Révolution française, 1823-1827 ; Waterloo, 1862) et de François Guizot, qui se sert de récits événementiels pour défendre ses thèses politiques (Histoire des origines du gouvernement représentatif, 1821-1822). Alexis de Tocqueville, qui se présente lui-même comme un disciple de Montesquieu, s’impose comme un véritable philosophe de l’histoire (De la démocratie en Amérique, 1835).
Cependant, la critique littéraire se constitue comme science et prend son essor avec Sainte-Beuve, dont la méthode, fondée sur l’étude de la biographie de l’auteur et sur l’histoire, sera plus tard très contestée. Sous l’influence du positivisme, Hippolyte Taine considère l’œuvre littéraire comme un produit sociologique et psychologique (Histoire de la littérature anglaise, 1864), tandis que Ferdinand Brunetière étudie l’évolution des genres littéraires sur le modèle de l’évolution des espèces décrit par Darwin (Études critiques sur l’histoire de la littérature française, 1880-1892) et que Gustave Lanson consacre la notion d’« histoire littéraire » en appliquant à l’évolution de la littérature les méthodes d’investigation réservées jusque-là à l’histoire (Manuel bibliographique de la littérature française, 1909-1912). "littérature française" © Ecrit par E. BUCHOT. Sources : Encarta, Wikipedia
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