L’Europe connaît, au début du siècle, des années d’aisance et d’euphorie, où elle apparaît, sur le plan économique et culturel, comme une entité solide ; les capitales européennes sont alors de hauts lieux de culture et d’activité littéraire.
Deux tendances s’opposent alors dans le domaine du récit : l’une s’inscrit dans la continuité du positivisme, tandis que l’autre suit davantage la voie de la « métaphysique de l’expérience » initiée par Henri Bergson.
Le récit de cette période revêt des formes variées : les écrits de maîtres à penser conservateurs comme Maurice Barrès, dont l’œuvre romanesque est dominée par le culte du moi et par le nationalisme revanchard (le Culte du moi, 1888-1891 ; le Roman de l’énergie nationale, 1897-1902), ou comme Paul Bourget, auteur traditionaliste et catholique (le Sens de la mort, 1915), voisinent avec les récits oniriques d’Alain-Fournier, auteur du Grand Meaulnes (1913), les romans idéalistes d’Anatole France (Thaïs,1890), écrivain humaniste qui est aussi, à travers ses essais, un fin observateur de son époque (l’Histoire contemporaine, 1897-1901), et les récits de Romain Rolland, auteur notamment de Jean-Christophe (1904-1912), ample cycle romanesque dépeignant la société européenne au tournant du siècle.
À la même époque, un auteur comme Raymond Roussel fait de l’imagination la faculté première de la création littéraire et compose des récits d’une très grande modernité d’écriture, comme Impressions d’Afrique (1910) ou Locus Solus (1914), qui lui valent d’être admiré par les surréalistes.
André Gide, qui a débuté dans le roman avec les Cahiers d’André Walter (1891), poursuit son œuvre avec les Nourritures terrestres (1897), l’Immoraliste (1902) et les Caves du Vatican (1914) et, en 1909, fonde la Nouvelle Revue française (N.R.F.).
Dans ce contexte, l’œuvre de Marcel Proust apparaît comme la manifestation d’une véritable révolution dans le domaine du roman. Ses écrits théoriques, en particulier Contre Sainte-Beuve (posthume, 1954), où il s’élève contre la méthode de la critique biographique pratiquée par Sainte-Beuve, mais aussi ses pastiches, qu’il considère comme une sorte de « critique en action » (Pastiches et Mélanges, 1919), mènent en toute cohérence à une œuvre monumentale, recouvrant plusieurs genres littéraires (roman, autobiographie, chronique d’une époque, essai littéraire, essai d’esthétique, étude de mœurs, etc.) : À la recherche du temps perdu. Ce vaste roman, s’il emprunte un matériau largement autobiographique, est pourtant, avant tout, une réflexion sur le temps, sur la mémoire involontaire et sur la vocation d’écrivain. Le narrateur, ligne après ligne, sauve de l’anéantissement sa vie passée en la consignant sous la forme de l’œuvre d’art, qui seule a le pouvoir de la soustraire à la contingence ; retraçant l’itinéraire qui l’a conduit à l’écriture, il relate, dans le même mouvement, l’histoire d’une conscience qui naît à elle-même. "littérature française" © Ecrit par E. BUCHOT. Sources : Encarta, Wikipedia
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