Apparu au siècle précédent, le goût du roman par lettres s’accentue au XVIIIe siècle : la correspondance est une pratique sociale répandue, et l’art de bien écrire et de bien converser est toujours prisé.
Les romans épistolaires sont d’autant plus appréciés qu’ils évoquent une intrigue amoureuse et qu’ils sont présentés comme des collections de lettres authentiques, échangées par des personnes réelles. Rousseau, avec Julie ou la Nouvelle Héloïse, connaît un succès sans précédent. Ces échanges de lettres entre la jeune Julie et le chevalier de Saint-Preux, le caractère idéal des personnages et de leur amour, la peinture d’une société idyllique, en harmonie avec la nature, séduisent en effet un public important, gagné à une sensibilité que l’on peut qualifier de préromantique.
Toute différente est la sensibilité du roman de Choderlos de Laclos, les Liaisons dangereuses (1782) : l’intrigue est ici menée par deux libertins cyniques, la marquise de Merteuil et le vicomte de Valmont, qui se jouent des autres personnages (voirlibertinage). La lettre y est le moyen employé pour séduire, tromper, corrompre et même tuer. Ce roman est présenté comme un recueil de lettres véritables par son auteur, non seulement pour lui donner cette dimension « vraie » qui plaît tant, mais aussi pour esquiver le scandale.
Comme l’abbé Prévost et Marivaux, Claude Crébillon, dit Crébillon fils, compose, avec les Égarements du cœur et de l’esprit (1736), un roman d’analyse sur le sentiment amoureux, mais, en vrai libertin, il bannit tout idéalisme pour souligner la force du désir.
Choderlos de Laclos provoque le scandale avec les Liaisons dangereuses : l’utilisation brillante du genre épistolaire y sert la dénonciation (d’ailleurs ambiguë) d’un libertinage meurtrier, tout en exposant, de façon très audacieuse, le lien entre la volonté de puissance et le désir sensuel.
Le marquis de Sade occupe une place tout à fait à part dans le roman, et dans la catégorie du récit libertin : ses romans ne sont pas des divertissements érotiques, mais la mise en scène d’une cruauté extrême, remettant en cause l’idée même d’humanité. Parmi ses récits, où alternent scènes d’orgie et dissertations philosophiques, citons la Philosophie dans le boudoir (1795), Justine ou les Malheurs de la vertu (1791, 1797 pour la Nouvelle Justine), et les Cent Vingt Journées de Sodome (écrites avant 1789, publiées seulement en 1931-1935).
Jacques Cazotte, adepte du spiritisme et de l’illuminisme, écrit le Diable amoureux (1772), que l’on retient comme l’un des premiers grands récits fantastiques français. Restif de la Bretonne, admirateur des Encyclopédistes, produit une œuvre originale, proche dans son esprit de celles de Rousseau (le Paysan perverti ou les Dangers de la ville, 1775).
Avec la Religieuse (1760, édition posthume en 1796), le Neveu de Rameau (1762-1777) et Jacques le Fataliste et son maître (1765-1773, édition posthume en 1796), Denis Diderot compose le versant romanesque de son œuvre philosophique. Ces récits se lisent en effet à la lumière de ses essais, tandis que ses essais sont illustrés par ces récits. Lorsque Voltaire adopte la forme (on pourrait dire le masque) de la fiction, il s’impose comme le plus grand conteur de son temps. Dans ses récits, qui sont pour la plupart des récits d’initiation, il expose sa philosophie avec autant de rigueur que dans ses autres écrits. Avec une ironie devenue légendaire, il montre le souci de distraire son lecteur tout en l’amenant à réfléchir sur sa propre relation avec le monde : dans Zadig (1748), il dénonce les caprices de la destinée et remet en question la Providence divine ; dans Micromégas (1752), il invite au relativisme dans le domaine de la morale et dans celui de la connaissance, tandis que dans Candide ou l’Optimisme (1759), il opère une vigoureuse critique de l’optimisme obstiné. "littérature française" © Ecrit par E. BUCHOT. Sources : Encarta, Wikipedia
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