Tandis que les tensions dans le sud du pays se poursuivent, la remise en question de la tutelle syrienne sur le Liban continue de dominer la vie politique. Alors qu’un amendement constitutionnel permettant au président pro-syrien Émile Lahoud de briguer un troisième mandat a été adopté par le Parlement, Rafic Hariri démissionne du poste de Premier ministre en octobre 2004 après avoir échoué à imposer un gouvernement que la Syrie refuse. Omar Karamé lui succède, mais l’assassinat de Rafic Hariri, le 14 février 2005, précipite le pays dans une grave crise politique. Alors que la Syrie est suspectée d’être à l’origine de cet attentat, la population se mobilise pour manifester son opposition au gouvernement. Celui-ci est confronté à l’union des partis d’opposition ainsi qu’au front démocratique formé par la société civile. Sous la pression de la rue et de la communauté internationale, le Premier ministre pro-syrien Omar Karamé démissionne deux semaines plus tard.
Reconduit dans ses fonctions par le président, il présente à nouveau sa démission mi-avril après que les manifestions hostiles à la présence syrienne ont pris une immense ampleur et que la Syrie a commencé le repli de son armée. Le nouveau Premier ministre, Naji Miqati, a pour principale tâche d’organiser les élections législatives, tandis qu’une page de l’histoire du Liban se tourne avec l’achèvement du retrait de l’armée syrienne fin avril 2005, après vingt-neuf années de présence.
Les élections législatives se déroulent en quatre étapes aux mois de mai et juin 2005. À Beyrouth, l’opposition anti-syrienne menée par Saad Hariri, le fils de Rafic Hariri, et Walid Joumblatt, emporte les 19 sièges à pourvoir, tandis qu’au Liban Sud c’est la coalition pro-syrienne des mouvements chiites Hezbollah et Amal qui gagne les 23 sièges à pourvoir.
Dans la plaine de la Bekaa, le scrutin est marqué par la large victoire inattendue de Michel Aoun tandis qu’au Liban Nord, c’est l’opposition anti-syrienne qui s’impose. Au final, les partis de la coalition anti-syrienne détiennent la majorité absolue au Parlement avec 72 sièges sur 128 et Saad Hariri apparaît comme le nouvel homme fort du pays. L’unité qui prévalait au lendemain de l’assassinat de Rafic Hariri a laissé la place à une représentation politique qui s’organise, comme auparavant, selon des clivages confessionnels.
Le président Emile Lahoud nomme un proche de Rafic Hariri, Fouad Siniora, ancien ministre des Finances, au poste de Premier ministre. Il forme un gouvernement de 24 membres, comprenant chrétiens et musulmans à part égale, auquel prend part pour la première fois le Hezbollah.
Tout juste reconstruit et sur la voie de l’unité, le pays replonge dans la guerre dès le 12 juillet 2006 après qu’un raid transfrontalier de la milice du Hezbollah (avec la capture de deux soldats israéliens et la mort de huit autres) entraîne une riposte militaire massive d’Israël. Avec pour objectifs principaux la neutralisation des combattants du Hezbollah et l’instauration d’une zone de sécurité dans le sud Liban, cette offensive vise aussi à imposer un blocus au Liban et provoque le déplacement de plus de 800 000 personnes du Sud vers le Nord. Le 14 août, un cessez-le-feu entre en vigueur, en application de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU, et met fin à un conflit ayant entraîné la mort d’environ 1 200 civils libanais et 159 Israéliens (dont 43 civils) — le Hezbollah reconnaît la mort de 62 « martyrs » (contre 220 à 370 selon l’armée israélienne). L’État hébreu consent par la suite à lever le blocus aérien et maritime imposé au Liban. Le 1er octobre, il achève le retrait de son armée du Liban-Sud, tandis que parallèlement se déploient les troupes de la Finul (la Force intérimaire des Nations unies au Liban, créée en 1978 et dont les effectifs sont portés de 2 000 à un maximum de 15 000 hommes) et les forces armées libanaises (après une absence de près de quarante ans le long de la frontière avec Israël). Les pertes économiques et matérielles pour le Liban sont très lourdes, nombre d’infrastructures ayant été détruites ou fortement endommagées (aéroport de Beyrouth, ports, voies de communication, usines, réservoirs d’eau, stations d’épuration, etc.).
Les villes et les régions considérées comme des bastions du Hezbollah sont particulièrement visées par les bombardements israéliens (Tyr, Cana, la banlieue sud de Beyrouth, Baalbek). Le bombardement des réservoirs de pétrole de la centrale électrique de Jiyé (située à 25 km au sud de Beyrouth) est en outre à l’origine d’une marée noire ayant souillé les côtes libanaises sur environ 140 km. © "Liban" sources Emmanuel Buchot et Encarta
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