Au début des années 1970, de sévères problèmes économiques poussent le gouvernement à infléchir nettement sa politique étrangère. Dans l’espoir d’obtenir une aide économique et technologique de la prospère République fédérale d’Allemagne (RFA), les Polonais engagent des discussions politiques avec elle en janvier. En novembre, les ministres des Affaires étrangères polonais et ouest-allemand parviennent à un accord. En décembre, le chancelier allemand Willy Brandt se rend à Varsovie pour signer le traité résultant de cet accord, dans lequel la RFA accepte formellement la perte des 100 000 km² récupérés par la Pologne sur le territoire allemand à la fin de la guerre et l’établissement de la ligne Oder-Neisse comme frontière occidentale de la Pologne. En retour, la RFA reçoit l’assurance, informelle cette fois, que les résidents polonais qui réclament la nationalité allemande (estimés à plusieurs dizaines de milliers) obtiendront l’autorisation d’émigrer. Les deux parties acceptent de résoudre leurs désaccords par des moyens exclusivement pacifiques et de s’acheminer vers une normalisation de leurs relations diplomatiques. Cette normalisation s’achève avec la ratification d’un traité par le Parlement ouest-allemand en mai 1972.
À la fin des années 1970, la crise économique prend des dimensions considérables. L’industrie polonaise est loin d’avoir atteint les objectifs du plan. Le mauvais temps a gâché la récolte et forcé le gouvernement à importer des céréales. De plus, les prix du charbon, de l’alimentation et des vêtements ont considérablement augmenté.
Ulcérés par les augmentations, les ouvriers polonais, surtout ceux des ports baltes de Gdańsk, Gdynia et Szczecin, organisent des manifestations qui tournent à l’émeute, à l’incendie et au pillage. L’état d’urgence est déclaré pour une semaine, et la répression provoque la mort de nombreuses personnes. À la suite de ces émeutes, Gomułka, ainsi que d’autres dirigeants du parti, doivent quitter le Politburo (le comité exécutif du Parti communiste).
Edward Gierek, membre éminent du Politburo, venant de Silésie, est élu secrétaire général. Les prix sont bloqués et, au cours des premières années de la décennie, la Pologne jouit d’une période de libéralisation politique et de prospérité économique fondée sur des emprunts faits à l’étranger.
Les visites faites par les présidents américains Richard Nixon en 1972, Gerald Ford en 1975 et Jimmy Carter en 1977 symbolisent ouvertement l’amélioration des relations avec l’Occident. la Pologne entame, également au cours des années 1970, le rapatriement de quelque 125 000 personnes d’origine allemande vers la RFA.
Après une tentative d’augmentation des prix mise en échec par des grèves et des manifestations en 1976, la vie politique polonaise stagne et l’opposition ouvrière s’accroît. En 1978, l’archevêque de Cracovie, le cardinal Karol Wojtyla, est élu pape sous le nom de Jean-Paul II. Le niveau de vie des Polonais se détériore et, à l’été 1980, des centaines de milliers d’ouvriers réagissent à une sévère hausse des prix alimentaires en se mettant en grève. En août, le pays est paralysé : pendant trois semaines les ouvriers de Gdańsk et d’autres ports de la Baltique mènent des grèves d’occupation dans les chantiers navals ; ils présentent des exigences politiques. Fin août, les autorités communistes sont obligées de faire des concessions sans précédent aux ouvriers. Il s’agit entre autres du droit de grève, de l’augmentation des salaires, de la libération de prisonniers politiques et de la suppression de la censure. La reconnaissance du droit à constituer des syndicats indépendants conduit à la mise sur pied de la fédération Solidarité à la mi-septembre. Peu après, malade et discrédité, le chef du Parti communiste, Gierek, laisse la place à Stanislas Kania. "Pologne" © Emmanuel Buchot
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