Emergence de la rhétorique du complot anticommuniste dans le discours soviétique — logique qui justifie la systématisation d’une Terreur prophylactique qui doit réduire au silence tous les « ennemis du peuple » et du communisme.
En décembre 1934, l’assassinat à Leningrad de Kirov, concurrent de Staline et secrétaire du Comité central du PCUS, marque le début de la première grande épuration des cadres du parti soupçonnés d’opposition au régime ou accusés d’avoir appartenu au courant trotskiste. Saisissant le prétexte de cet assassinat, Staline les fait emprisonner, déporter en Sibérie ou exécuter. Les « purges » staliniennes touchent également les membres du Comité central à partir d’août 1936 (les deux tiers sont exécutés entre 1934 et 1938), ainsi que les officiers de l’Armée rouge (35 000 officiers sur 70 000 sont arrêtés entre 1936 et 1938, 75 des 80 siégeants du Conseil militaire suprême sont écartés !).
Au cours des procès de Moscou (1936-1938), plusieurs des dirigeants parmi les plus influents du parti, dont Zinoviev, Boukharine, Rykov et Kamenev sont accusés de comploter avec l’Allemagne et le Japon pour renverser le régime. Reconnus coupables, les trois premiers sont exécutés. Des charges identiques sont retenues contre plusieurs commandants de l’Armée rouge, dont le maréchal Toukhatchevski. Ils sont condamnés et exécutés. L’Armée rouge, orpheline, passe sous la coupe stalinienne.
Cette série de purges vaut à l’URSS la condamnation de la communauté internationale. Elle réveille une polémique entre les intellectuels de gauche européens (en France notamment, autour d’André Gide), selon qu’ils sont « compagnons de route » ou non, polémique d’autant plus forte que, non content de frapper en URSS, Staline dirige aussi à distance l’épuration des partis communistes étrangers.
Autre instrument de la répression mis en place dès 1919 afin d’écarter les fauteurs de troubles de l’ordre social : les camps de travail forcé. Ces goulags, selon la dénomination adoptée en 1930, regroupent condamnés de droit commun et détenus politiques qui doivent subir un redressement par le travail et une réhabilitation idéologique, sous le contrôle du NKVD (le Guépéou s’occupe désormais des affaires extérieures) et des commissariats du peuple à la Justice ou aux Affaires intérieures.
Staline développe l’institution et l’utilise pour la réalisation des grands travaux de modernisation prévus au programme du IIe Plan.
Ainsi, la logique instituée au début des années trente, traduite en une sorte de paranoïa idéologique, débouche, à terme, sur une répression de grande ampleur et sur son officialisation lors du VIIIe congrès des Soviets de l’Union, qui justifie la « lutte contre les ennemis du régime et de la patrie ». Entre 1935 et 1939, malgré l’annonce, début 1939, d’une modération dans la répression par Jdanov et Beria, plus de 6 millions de Soviétiques sont victimes des épurations. Plus de 1,7 million de personnes sont arrêtées, souvent sur la décision arbitraire d’organismes extra-judiciaires. En 1939, le goulag compte près de 2 millions de déportés. Cette ponction sur les forces vives de la société, associée au démantèlement de l’Armée rouge, explique pour une part la faiblesse de l’URSS au début de la Seconde Guerre mondiale. © "URSS" Emmanuel Buchot Sources utilisées Encarta et lemonde.
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