L’arrivée sur le trône du tsar Pierre Ier en 1682 marque le début d’une véritable révolution : l’ouverture de la Russie sur l’Occident et l’accession du pays au rang de grande puissance européenne.
Pierre Ier veut d’abord achever ses « années de formation » et remet le pouvoir à sa mère jusqu’en 1694. Il en profite pour voyager à travers les pays européens dont la culture l’attire particulièrement et se rend ainsi en Angleterre, en Prusse, aux Pays-Bas. Une fois au pouvoir, il s’efforce de transformer la société russe traditionnelle en l’occidentalisant.
Ses réformes, décrétées massivement vers 1718, entreprennent de réorganiser le pouvoir central en instituant des collèges ministériels et une chancellerie privée, en remplaçant la Douma (assemblée) des boyards par un Sénat en charge de la justice et des finances, tandis qu’au niveau local, l’administration est réorganisée de façon pyramidale. L’impôt cadastral est remplacé par la capitation, plus juste ; les boyards disparaissent progressivement en tant que classe et se fondent dans la noblesse de service. Le saint-synode remplace le patriarcat, faisant du clergé un corps de fonctionnaires et de l’Église une « fille de l’État ». Enfin, corollaire indispensable du succès de ces mesures, une profonde refonte du système éducatif est entreprise, incluant une réforme de l’alphabet, la mise en place de formations professionnelles, la création de différentes académies.
Parallèlement, Pierre le Grand se lance dans une ambitieuse politique d’acquisitions territoriales. Ses plus grandes campagnes militaires se font vers l’ouest et le conflit le plus important, la guerre du Nord (1700-1721), l’oppose à la plus grande puissance baltique de l’époque, la Suède. Le contrôle de la mer Baltique est nécessaire pour la création d’une marine puissante et l’expansion du commerce extérieur russe.
En 1700, l’armée russe subit une grave défaite à Narva (aujourd’hui en Estonie), mais les Suédois ne poursuivent pas leur avantage, permettant ainsi à Pierre le Grand de réorganiser ses forces, de renforcer la marine qu’il a créée de toutes pièces pour l’occasion et d’attaquer les bases suédoises en Livonie.
En 1703, le tsar commence la construction de sa nouvelle capitale, Saint-Pétersbourg, symbole de l’ouverture vers l’ouest, située dans les territoires conquis sur la Suède. Il y transfère la cour de Moscou en 1712 et contraint, par plusieurs décrets, la noblesse à s’y fixer. L’armée russe écrase les Suédois à Poltava en 1709 (voir campagne de Poltava) et les Russes établissent leur suprématie sur la mer Baltique. Aux termes du traité de Nystad (septembre 1721), la Russie acquiert la Livonie, l’Estonie, l’Ingrie, une partie de la Carélie, la ville de Vyborg en Finlande et plusieurs îles de la Baltique. À partir de 1722, Pierre le Grand entreprend une série de campagnes contre les Perses ; dès 1723, le littoral de la mer Caspienne est contrôlé par la Russie et l’année suivante, un accord avec les Turcs entérine le partage de la zone.
Fondamentale, la nouvelle domination russe sur l’Europe du Nord déplace vers l’ouest le centre de gravité du pays ; une conception latine du pouvoir succède à la conception byzantine et Pierre le Grand est officiellement proclamé empereur par le Sénat en 1721. L’État moscovite est devenu l’Empire russe. © "Russie" Emmanuel Buchot Sources utilisées Encarta et lemonde.
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