Dès le début du xvie siècle, une nouvelle vague d’influence italienne apporte le style de la haute Renaissance en Espagne. L’œuvre de Léonard de Vinci connaît un retentissement particulier, introduite par Fernando Yáñez. Ce dernier, installé à Valence à partir de 1506, est probablement le « Fernando spagnuolo » (« Fernando l’Espagnol ») mentionné dans un document comme assistant de Léonard à Florence l’année précédente.
Cinquante ans plus tard, une puissante impulsion est donnée à la peinture, grâce à l’accession au trône de Philippe II d’Espagne. Bien que son goût en architecture soit extrêmement austère, le souverain se passionne pour la peinture et œuvre énormément pour la promouvoir à sa cour. Avec son règne, le mécénat royal commence à rivaliser avec le patronage ecclésiastique, précédemment à l’origine des principales commandes. Philippe II fait venir de nombreux artistes pour travailler à la décoration de l’Escurial, qui devient une sorte d’école pour les jeunes peintres espagnols. C’est sous son règne que les Italiens importent en Espagne le style maniériste, alors en vogue.
Philippe II ne parvient pas à faire venir Titien — son peintre préféré — en Espagne, mais il collectionne ses œuvres, qui ont par la suite inspiré de nombreux artistes espagnols (notamment Diego Vélasquez). Parmi les peintres étrangers venus en Espagne sous le règne de Philippe II, le portraitiste néerlandais Antoon Mor van Dashorst dit Antonio Moro, est l’un des plus importants. Son style puissant, grave et réservé demeure un modèle en matière de portrait de cour en Espagne jusqu’au xviie siècle. L’art du portrait va d’ailleurs devenir la première grande tendance profane de la peinture espagnole, jusqu’alors quasi exclusivement religieuse. C’est également sous le règne de Philippe II que le premier génie de la peinture espagnole, le Greco, s’installe dans le pays. Né en Crète, il travaille en Italie, puis part pour Tolède vers 1577.
Son style particulièrement chargé d’émotion donne une puissante expression à la ferveur religieuse espagnole, mais déplaît au roi. En conséquence, le Greco ne bénéficie guère du mécénat royal. Il réalise, en revanche, un grand nombre de splendides retables pour les églises de Tolède, dont le célèbre Enterrement du comte d’Orgaz (1586, église Santo Tomé, Tolède). De nombreuses copies de ses tableaux ont été réalisées, mais son style très personnel n’a pas fait école. "Espagne" " Ecrit par Emmanuel Buchot et Encarta
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