La signature du traité de Brest-Litovsk a des conséquences en politique intérieure : les sociaux-révolutionnaires (S-R), qui ont jusqu’alors collaboré avec les Bolcheviks, dénoncent le traité comme une trahison à la cause révolutionnaire et quittent le gouvernement (16 mars). Leur opposition prend une forme violente connue sous le nom de « Terreur Blanche » : assassinat de l’ambassadeur d’Allemagne en Russie (6 juillet 1918), dans le dessein de pousser les Allemands à rouvrir les hostilités ; mutinerie de Moscou (6-7 juillet 1918) ; attentat contre Lénine (30 août).
Les Bolcheviks, qui ont entre-temps rebaptisé le POSDR « Parti communiste » (PC, 8 mars), inaugurent alors l’ère des représailles : c’est le début de la « Terreur rouge ». Elle aboutit à la disparition physique et politique du parti social-révolutionnaire. Nombre d’opposants sont exécutés, ainsi que le tsar Nicolas II et sa famille (17 juillet 1918). Peu à peu, les partis non bolcheviques sont éliminés, interdits, absorbés par le PC. L’Union soviétique devient un État à parti unique.
Dans la foulée et indissociablement, des outils d’État et des procédures sont mis en place pour bâillonner toute velléité sécessionniste et / ou d’opposition. Hormis la censure qui pèse sur la presse, la création de la Tcheka (« commission extraordinaire de lutte contre le sabotage et la contre-révolution », police politique qui succède à l’Okhrana tsariste), le 7 décembre 1917, annonce d’emblée que les hommes au pouvoir ont un sens de la démocratie assez restrictif.
À cette politique coercitive n’est pas étrangère, bien sûr, la situation de guerre civile qui s’affirme à partir de la naissance de l’Armée volontaire recrutée en pays cosaque par les généraux antibolcheviques Alexeev et Denikine (novembre 1917). Une autre armée se forme en Sibérie occidentale autour d’un contingent de 45 000 anciens prisonniers de guerre tchèques, armés par une partie de l’ex-gouvernement libéral tsariste pour combattre l’Allemagne. En effet, à peine signé, le traité de Brest-Litovsk est violé par l’Allemagne et par l’Autriche qui envahissent l’Ukraine, la Géorgie et la Crimée (avril 1918). Les Britanniques, hostiles au régime bolchevique depuis le traité de paix qu’ils considèrent comme une trahison, apportent leur soutien militaire aux armées blanches.
Ils occupent Mourmansk (mars 1918), puis Arkhangelsk (août 1918) à l’extrême nord de la Russie, dans le but de contrer l’avancée allemande sur Petrograd (aujourd’hui Saint-Pétersbourg). Ils convainquent les Japonais, aidés d’un corps expéditionnaire américain, d’occuper Vladivostok en Sibérie orientale (avril 1918), avec pour objectif de réactiver le front oriental.
Dans le même temps, Kornilov mène un soulèvement au Kouban et l’ancien chef du gouvernement provisoire de mars 1917, le Prince Lvov, prend la tête d’un gouvernement en exil à Pékin. En septembre 1918, les différents gouvernements « blancs » se coalisent lors de la conférence d’Omsk en Sibérie. Mais, en novembre, l’amiral monarchiste Koltchak (mandaté par les Anglais pour lever une armée d’Extrême-Orient) prend le commandement de l’armée blanche et se proclame « Régent suprême de Russie ». Très vite, il ne maîtrise plus la situation, et d’autres armées contre-révolutionnaires, plus modestes, se forment au nord-ouest, au nord et en Sibérie orientale, accroissant encore l’instabilité du pays.
Rapidement, les contingents français débarqués à Odessa (décembre 1918) se retirent sans avoir combattu. Les Britanniques restent jusqu’à l’automne 1919. Leur soutien aux forces antibolcheviques se limite surtout à une aide financière et à du matériel militaire. Ainsi, la vaste opération contre-révolutionnaire redoutée par le pouvoir russe n’a pas eu lieu. Devant ces multiples assauts, Moscou a réagi très tôt du reste, en fondant l’Armée rouge (15 janvier 1918). Initialement composée de 100 000 volontaires paysans et ouvriers, elle réunit, au plus fort du conflit, près de cinq millions d’hommes. © "URSS" Emmanuel Buchot Sources utilisées Encarta et lemonde.
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