Avec la construction des cathédrales Saint-Gervais-et-Saint-Protais de Soissons et Notre-Dame de Chartres, les années 1190 inaugurent une nouvelle phase de l’architecture gothique qui se poursuit jusqu’aux années 1230. Chartres et Soissons tendent vers une certaine rigueur formelle et un équilibre des proportions. Par exemple, les différents types de voûtements sont abandonnés pour ne retenir, à quelques exceptions près, que la voûte quadripartite sur travée barlongue. En plan, un transept saillant sépare la nef et le chevet d’égale importance, alors qu’en élévation les grandes arcades possèdent la même hauteur que les fenêtres hautes. L’élévation est à trois niveaux : grandes arcades, triforium et fenêtres hautes.
Les supports sont constitués de piliers cantonnés. Les immenses fenêtres hautes descendent bien en dessous des retombées des voûtes et sont constituées, pour chaque travée, de deux lancettes surmontées d’une rose. Cet agrandissement des ouvertures est rendu possible par l’emploi d’arcs-boutants de plus en plus perfectionnés. Le modèle chartrain s’impose ensuite pour les grandes cathédrales du début du XIIIe siècle : Notre-Dame de Reims (v. 1210), Notre-Dame d’Amiens (1220) et Saint-Pierre de Beauvais (1225). Ce dernier chantier, dont la voûte culmine à 47 m et qui s’écroule en partie en 1284, marque la fin de la course des architectes gothiques vers la démesure.
Contemporaine de Soissons et de Chartres, la cathédrale Saint-Étienne de Bourges fait figure d’œuvre dissidente. En effet, le monument sans transept et aux cinq vaisseaux se poursuivant jusque dans le déambulatoire privilégie la continuité des volumes. Quant au voûtement à six branches de la nef centrale, il se réfère à des modèles du premier art gothique.
Si l’élévation comporte bien trois niveaux (grandes arcades, triforium et fenêtres hautes), les proportions diffèrent radicalement de Chartres. Les grandes arcades sont immenses et reposent sur des piles sveltes, circulaires, cantonnées de huit petites colonnettes. Au-dessus, le triforium est également très développé et quasiment traité comme des ouvertures de tribunes. En revanche, les baies hautes, très réduites, demeurent comprises dans les lunettes des voûtes.
Si l’influence de Bourges ne se fait guère sentir en France, le monument semble avoir davantage séduit les architectes espagnols, comme en témoigne la cathédrale de Burgos. Dans le Saint Empire, bien que l’on observe la pénétration de l’architecture gothique d’Île-de-France, celle-ci est réinterprétée en fonction des traditions locales (cathédrales de Trèves et de Marbourg). En revanche, à partir du début du XIIIe siècle, le gothique anglais tend à affirmer son originalité par rapport aux solutions françaises, notamment par la présence d’un double transept (cathédrale de Lincoln et cathédrale de Salisbury) et surtout par l’accentuation des effets plastiques : multiplication des moulures, nervures et colonnettes en marbre noir de Purbeck (à Lincoln). "Art gothique" © Ecrit par E. BUCHOT. Sources : Encarta, Wikipedia
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