Catherine la Grande se pose en successeur de Pierre le Grand et cherche à poursuivre sa politique. Imprégnée de l’esprit des Lumières, admiratrice et amie de Diderot et Voltaire, elle entend régner en philosophe mais ses réformes, souvent en décalage avec son discours, aboutissent de manière générale à un durcissement de la situation intérieure.
En 1763, elle fait annuler les franchises des cosaques et supprime l’hetmanat d’Ukraine ; dans un contexte de crise sociale, elle doit mater les nombreuses révoltes paysannes qui éclatent, dont celle dirigée par le cosaque Pougatchev, qui constitue une sérieuse menace pour le pouvoir. Parti de la région de l’Oural en 1773, Iemelian Pougatchev, qui se fait passer pour le tsar Pierre III, réunit autour de lui de nombreux mécontents, serfs en fuite, ouvriers des mines et des manufactures, et entreprend de suivre le tracé de la Volga, grossissant sans cesse ses rangs. Il n’est arrêté (difficilement) qu’en 1774 et est exécuté publiquement l’année suivante sur la place Rouge.
Sur le plan administratif, l’œuvre de Catherine II s’inscrit dans la lignée de celle de Pierre le Grand : institué en 1775, le découpage de l’empire en 51 gouvernements, supprimant les anciennes provinces, faisait suite aux gouvernements institués par son prédécesseur.
En revanche, la tsarine libère l’industrie de la tutelle de l’État, ce qui permet une augmentation considérable des différentes productions et place, au début des années 1780, la Russie au premier rang mondial des producteurs de fonte et de fer.
En 1785 est promulguée la Charte de la noblesse, qui a pour effet de renforcer les privilèges de cet ordre et d’accabler les paysans : exemptés d’impôts, dégagés de toute obligation envers l’État, les nobles ont désormais un pouvoir absolu sur leurs paysans, ces derniers étant soumis au règne du plus total arbitraire puisqu’ils se retrouvent privés de tout recours devant l’administration impériale. Sa politique extérieure sert avec succès les velléités d’expansionnisme de la Russie. Catherine tourne d’abord ses forces contre l’Empire ottoman afin d’acquérir sur la mer Noire les ports en eau libre nécessaires au commerce russe.
Les guerres russo-turques de 1768-1774 et de 1787-1791 lui permettent de prendre possession d’une partie de la Crimée puis de tout le territoire à l’ouest du Dniestr ; la Géorgie est annexée en 1783 tandis que Potemkine, favori en titre de la tsarine, est fait prince de Tauride après l’annexion de la Crimée qui a été reconnue indépendante par les Turcs au traité de Kutchuk-Kaïnardji (1774).
La seconde phase des guerres menées par Catherine II se déroule à l’ouest : à l’issue de conventions secrètes conclues avec Frédéric II de Prusse et des trois partages de la Pologne (1772, 1793, 1795), la Russie annexe un territoire de 468 000 km2 et 6 millions d’habitants ; sur le front suédois, le statu quo territorial auquel parviennent les deux pays en 1788 permet de signer enfin la paix en 1790.
Le début de la Révolution française marque un tournant dans la pensée politique de Catherine II et lui fait totalement abandonner ses vues libérales ; en 1793, l’exécution de Louis XVI l’amène à annuler tous les traités signés jusque-là avec la France. En cette fin de XVIIIe siècle, celle qui a été un modèle de « despote éclairé » apparaît comme un véritable rempart de l’absolutisme. © "Russie" Emmanuel Buchot Sources utilisées Encarta et lemonde.
Photos des pays d'Europe à visiter
Photos des pays d'Asie à visiter
Photos des pays d'Amérique à visiter