Ayant ainsi à la fois ouvert la voie des réformes (réhabilitation de certains peuples allogènes, recul du goulag, décentralisation du pouvoir industriel, réforme industrielle favorable à la chimie…) et souligné son attachement à l’intégrité de la zone d’autorité soviétique, Khrouchtchev prend l’ascendant sur le parti et sur le pouvoir, non sans problème nonobstant. Molotov, Malenkov et Kaganovitch sont mis en accusation en juin 1957. En octobre, c’est au tour de l’un des derniers opposants à Khrouchtchev, le maréchal Joukov, d’être mis sur la touche. En mars 1958, Khrouchtchev parachève sa « prise du pouvoir » en remplaçant Boulganine, démissionnaire de son poste de président du Conseil des ministres. Comme Staline, il dispose désormais des deux principaux postes : la direction du parti et celle du gouvernement. C’est la fin de la direction collégiale ; et c’est aussi la fin des heures chaudes de la première guerre froide, puisque le chef du Kremlin rencontre D. Eisenhower à Camp David en septembre 1959, scellant ainsi les grandes lignes de son œuvre sur le plan des relations internationales, en particulier la « coexistence pacifique ».
À l’occasion du XXIe Congrès du parti en 1961, Khrouchtchev tente de relancer la déstalinisation. Il obtient le retrait de la dépouille de Staline du mausolée où il repose aux côtés de Lénine et l’exclusion du parti des staliniens qui s’étaient opposés à lui en 1956-1957. Mais cette déstalinisation a ses limites. Les années soixante voient un recul de l’antistalinisme et un regain de crédit en faveur de Staline, père de l’édification du communisme, du PCUS et vainqueur de la Seconde Guerre mondiale.
À terme, les initiatives réformistes de Khrouchtchev et les crises de la guerre froide lui valent sa place. Dans le procès qui est peu à peu instruit contre lui, on lui reproche, en particulier, ses échecs en matière de politique agraire et industrielle, mais également sa politique extérieure (guerre du Viêt Nam, crise des fusées, question de Berlin). Au lendemain de l’annonce d’un nouveau train de réformes économiques, le 15 octobre 1964, il est relevé de ses fonctions et remplacé par Kossyguine à la présidence du Conseil des ministres et par Brejnev à la tête du PCUS. Un de ses fidèles, Mikoïan, laisse la présidence du Soviet suprême à Podgorny. De 1965 à 1970, Brejnev et Kossyguine travaillent de concert.
Sans apporter de transformations radicales dans les grandes options politiques et économiques de l’URSS, ils accomplissent un certain nombre de réformes : autonomie comptable des entreprises, autonomie accrue des kolkhozes pour assurer un meilleur revenu aux agriculteurs, amorce d’une coopération avec l’Ouest lors de la visite de De Gaulle à Moscou (1966), réhabilitation des Tatars de Crimée, signature d’un traité de non-prolifération des armes atomiques (juillet 1968). Pour autant, la tension avec la Chine et la répression du Printemps de Prague (1968) viennent rappeler que les règles du jeu dans l’affirmation du pouvoir soviétique et dans son vœu d’hégémonie sur le monde communiste ne changent pas.
Au lendemain de la répression en Tchécoslovaquie, l’URSS réaffirme son autorité, en particulier sur l’Albanie, la Pologne, la Roumanie (grâce à la pseudo-complicité de Ceauşescu), la Yougoslavie. Brejnev est désormais l’un des principaux maîtres d’œuvre de cette politique de reglaciation. Réélu secrétaire général du parti en 1976, il profite du départ de Podgorny, en 1977 : il cumule dès lors les fonctions de président du Conseil et de président du Soviet suprême. Une nouvelle Constitution est proclamée cette même année, qui substitue la notion d’« État du peuple tout entier » à la « dictature du prolétariat ». Mais, dans les faits, l’URSS reste monolithique et Brejnev, par certains aspects, tente même de recréer à son profit une dynamique de culte de la personnalité rappelant les années staliniennes. © "URSS" Emmanuel Buchot Sources utilisées Encarta et lemonde.
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