Le Nain, frères, Antoine (v. 1588 ?-1648), Louis (v. 1593 ?-1648) et Mathieu (v. 1607-1677), peintres français. Influencés par la peinture de genre développée dans l’art flamand et par la maîtrise caravagiste du clair-obscur, les trois frères Le Nain ont réalisé des compositions à contre-courant de la peinture officielle de l’époque. Leurs scènes de la vie paysanne ont rencontré un vif succès dans la bourgeoisie parisienne du xviie siècle.
Nés à Laon, les trois frères Le Nain partent pour Paris vers 1629, ouvrent leur atelier et s’imposent rapidement : l’aîné, Antoine, est nommé maître peintre à Saint-Germain-des-Prés, le benjamin Mathieu devient peintre ordinaire de la Ville de Paris (1632). Ils sont ainsi sollicités pour d’importantes commandes, comme la décoration de la chapelle de la Vierge aux Petits-Augustins (série de la Vie de la Vierge commencée vers 1630-1632, dont l’Adoration des Bergers, aujourd’hui au Louvre) ou la réalisation de quatre tableaux d’autels pour la cathédrale Notre-Dame de Paris : la Nativité de la Vierge, Saint Michel dédiant ses armes à la Vierge (aujourd’hui dans l’église Saint-Pierre de Nevers) et deux œuvres perdues.
Les frères Le Nain, qui réalisent également des portraits (Portrait d’Anne d’Autriche, œuvre perdue) et des peintures mythologiques (Vénus dans la forge de Vulcain, 1641, musée Saint-Denis, Reims), se spécialisent bientôt dans la production de scènes de genre (en particulier de scènes de paysannerie), un thème qui remporte un grand succès auprès de la bourgeoisie parisienne.
Les scènes paysannes des frères Le Nain sont caractérisées par la simplicité du quotidien rural, décrit avec une certaine austérité, comme dans la Charrette, dit aussi le Retour de la fenaison (1641, musée du Louvre).
Outre deux œuvres majeures — Famille de paysans dans un intérieur (1642) et Repas de paysans (1642), toutes deux conservées au musée du Louvre —, ils réalisent plusieurs tableaux de même facture comme la Forge (v. 1640, musée du Louvre), la Laitière (musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg) et la Famille heureuse (1642, musée du Louvre), mais également des tableaux plus bourgeois comme l’Académie, dit aussi la Réunion d’amateurs (v. 1640, musée du Louvre) ou les Joueurs de tric-trac (non daté, musée du Louvre). Les frères Le Nain signant leurs tableaux seulement de leur nom de famille, l’attribution de leurs œuvres est délicate, et rares sont les productions individuelles attestées.
À deux jours d’intervalle (24 et 26 mai 1648), Antoine et Louis meurent. Mathieu, héritier de ses deux frères, se retrouve à la tête d’une fortune considérable. Délaissant son art, le peintre s’engage alors dans une quête effrénée de reconnaissance sociale — il parvient pratiquement à l’anoblissement en obtenant le collier de l’ordre de Saint-Michel en 1662. Il est probable que cette attitude ait entaché le patronyme des Le Nain, qui passe alors dans l’oubli. Au milieu du xixe siècle, l’écrivain Champfleury remet leur œuvre à l’honneur.Et à sa suite, des artistes relancent le goût pour les scènes paysannes, comme Gustave Courbet (Un Enterrement à Ornans, 1849-1850, musée d’Orsay, Paris) et Jean-François Millet (les Glaneuses, 1857, musée d’Orsay). © "Les frères Le Nain" Emmanuel Buchot. Sources Encarta
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